L’essaim des libellules

Pourquoi étudier les libellules ?

Nombreux sont ceux qui sont tombés sous le charme des libellules. De grande taille et volant de jour et au crépuscule, les libellules sont des insectes fascinants et faciles à observer dans leur milieu naturel. Toutes les espèces du Québec ont des larves aquatiques. C’est la raison pour laquelle il est possible de les observer dans différents milieux tels qu’en bordure des étangs, des ruisseaux et des lacs. Ces insectes sont directement liés aux milieux aquatiques. Les libellules sont à la fois des prédateurs voraces et des proies pour une multitude d’autres organismes vivants. Elles occupent donc le rôle d’éléments actifs dans la chaîne alimentaire et dans celle de l’équilibre biologique des écosystèmes d’eau douce. En plus de réguler les populations d’insectes autant au stade larvaire qu’au stade adulte, les libellules sont de bons indicateurs de la santé des cours d’eau et de la richesse des milieux. En effet, malgré le régime alimentaire carnivore des larves, ces dernières demeurent vulnérables face aux perturbations d’origine anthropique que subissent les cours d’eau qu’elles occupent. L’agriculture, l’urbanisation et la construction de grandes artères modernes sont en grande partie responsables du déclin de la santé des cours d’eau et de leur qualité, abondance et superficie. Ceux qui en souffrent le plus sont surtout les marais et les étangs. La pollution de l’air, du sol, des sédiments et de l’eau affecte à son tour, énormément la diversité des communautés biotiques naturelles.

La récolte de données réalisée par des citoyens distribués à travers le Québec permettrait de bien évaluer la vulnérabilité des espèces présentes sur notre territoire pour mieux les protéger. Dans le cas des odonates, ce qui importe n’est pas tant de vouloir protéger une seule espèce en voie de disparition, mais plutôt de conserver toute la faune associée à certains milieux plus fragiles ou de plus en plus rares tels que les milieux humides.

Lorsque les libellules se reproduisent en nombre suffisant et que leurs populations se portent bien, il est possible de les collecter sans que ces activités ne menacent la survie des espèces en question. Cependant, le statut de conservation de chacune de nos espèces n’est pas toujours bien défini alors il est important d’échantillonner les libellules uniquement à des fins scientifiques. La collecte d’insectes est primordiale pour la science puisque les spécimens renferment une multitude d’informations sur leur biologie, écologie et physiologie. Une fois les insectes récoltés, ces renseignements sont à pleine disposition des biologistes. Évidemment, l’échantillonnage permet également d’analyser de près la morphologie des spécimens avec l’équipement nécessaire et bien plus encore. L’importance de l’échantillonnage est-elle que la majorité des connaissances acquises à ce jour reposent sur ces activités de collecte. Les échantillonner pour d’autres raisons que pour les données scientifiques ne fait que nuire à aux populations d’insectes qui sont en partie déjà en déclin en plus de nuire à l’effort de conservation déployé par la communauté de naturalistes.

Les opportunités de recherche

Contribuer à la mise à jour des cartes de distributions des espèces
Connaître de taux d’extirpation des espèces régionalement
Nous savons que plusieurs espèces perdent du terrain au niveau géographique et des populations, mais nous ne savons pas à quelle vitesse ni à quel endroit.
Des nouvelles mentions et expansion d’aire de répartition
Il arrive de trouver des espèces qui n’ont jamais été enregistrées pour le Québec.

Calopteryx maculata - mâle

Sympetrum sp.

Aeshna sp. - femelle (Aeshnidé)

Larve d’Anax sp. (Aeshnidé)

Quelques familles de libellules au Québec

Les Libellulidés

Plathemis lidia - femelle immature

Les Gomphidés

Gomphus fraternus

Les Aeshnidés

Gomphaeshna furcillata

Les Cordulidés

Epitheca canis - mâle

Les Caloptérygidés

Calopteryx maculata - mâle

Les Coenagrionidés

Ischnura verticalis - femelle immature

Les Lestidés

Lestes sp. - mâle

Les Cordulegastridés

Cordulegaster diastatops

« Environ 150 espèces de libellules habitent le territoire québecois! »

Comment aider les libellules

Laisser pousser la végétation en bordure des étendues d’eau douce (protéger les berges)
Utiliser un détergent à lessive sans phosphore (marque comme The Unscented Company)
Éviter ou minimiser l’utilisation « d’embarcation motorisées » sur les étendues d’eau douce
Ne pas utiliser de pesticides/insecticides près des cours d’eau (bien se renseigner sur les ingrédients des produits utilisés dans la cour ou dans le jardin parce que les étiquettes sont parfois trompeuses)
Ne pas utiliser d’engrais chimiques et solubles dans l’eau
Ne pas collecter de Libellules pour des motifs autres que pour la science (récolte de données)
Encourager une agriculture biologique et écologique (producteurs locaux comme Équiterre, Capé ou Bio Locaux)
Partager l’information et sensibiliser ses proches à la situation des libellules!

L’équipe

Michel Savard - Expert

Jean Denis Brisson - Saint-Augustin-de-Desmaures

Comment on étudie et recense les libellules?

Comme pour la plupart des groupes d’insectes, il n’est pas possible d’identifier toutes les espèces avec des photographies ou des observations simples. C’est possible seulement pour quelques espèces bien distinctives. Même si les photographies permettent parfois l’identification au genre, cette information a peu de valeur dans l’élaboration des listes d’espèces. Ainsi, quelques méthodes sont le plus couramment utilisées lorsque vient le temps de recenser les libellules: le filet entomologique, le filet troubleau, la capture par émergence et la collecte d’exuvies. Comme pour la plupart des insectes, le recensement des espèces requiert qu’on puisse observer certains critères d’identification au binoculaire avec des spécimens épinglés.

Techniques de capture et de conservation:

Puisque les odonates sont des insectes très actifs et se déplaçant très rapidement, les méthodes de collecte active sont à prioriser : le filet entomologique, le filet troubleau, la capture par émergence et la collecte d’exuvies.

Adultes

La méthode du filet entomologique reste la meilleure pour capturer les adultes en plein vol.
La capture par émergence doit se faire pendant la dernière mue de la larve (la mue imaginale). Une fois que la larve est sortie de l’eau et bien accrochée à la végétation, elle va sortir de son exuvie et émerger sous sa forme adulte. L’individu prendra plusieurs heures pour bien sortir de sa vieille cuticule ainsi que pour déplier complètement ses ailes. Une fois bien séchée et encore immobile, il est facile de collecter l’individu nouvellement adulte.
Pour les amateurs de photo, certaines espèces d’odonates sont identifiables uniquement à l’aide de photos de macro de bonne qualité.

Larves

Puisque les larves des libellules vivent dans le fond des cours d’eau, il est possible de les collecter à l’aide d’un filet troubleau. Ce type de filet a une forme permettant de l’utiliser pour racler le sol afin de récolter les insectes se cachant sous le substrat (petite pierres, sable, cailloux, débris ligneux, etc.).

Exuvies

Afin d’obtenir un portrait de la diversité d’espèces d’odonates qui vivent dans un habitat, il est pertinent de collecter les exuvies sur les berges des cours d’eau puisque ce ne sont pas tous les adultes qui sont faciles à attraper au filet. Les exuvies quant à elles sont accessibles et certaines permettent d’identifier à l’espèce. L’identification des individus par les exuvies est une technique d’identification efficace et non invasive puisqu’elle ne nécessite pas la collecte des adultes, chargés de la reproduction.