Les insectes et arthropodes

Page d’informations et de ressources

 

Pourquoi étudier les insectes ?

Peu importe la manière dont ils sont présentés, il est indéniable que les insectes jouent un rôle primordial sur Terre. Ces animaux composent environ 86% de l’ensemble de la biodiversité animale sur la planète. Leur immense diversité est la principale raison de leur omniprésence. En effet, nous ne les voyons pas toujours, mais les insectes ont colonisé tous les continents et écosystèmes allant de la ruche au milieu marin, de la litière du sol au berges des cours d’eau et de la matière en décomposition à nos maisons. Non seulement nous leur en devons une pour leur service de pollinisation colossal, mais ces derniers contribuent également à l’équilibre global des écosystèmes naturels. Cela s’explique par le fait que les insectes sont à la base de la chaîne alimentaire de nombreux autres animaux, ils régulent les populations d’insectes ravageurs et recyclent même les déchets d’origine végétale ou animale. En les décomposant, les insectes rendent toute la matière organique renfermée dans ces débris disponible pour la biomasse végétale. 


Les services que nous rendent les insectes…

  • Les insectes sont nos fournisseurs officiels de miel, de soie en plus de faire partie de la diète quotidienne de plus de 2 millions de personnes à travers le monde. 

  • Le venin de plusieurs arthropodes est utilisé à des fins médicales. Parlant de médecine, plusieurs groupes d’insectes comme les mouches, les coléoptères et même certains papillons sont utilisés en médecine médico-légale. 

  • Les larves aquatiques de nombreux insectes sont utilisés comme des bioindicateurs de la santé des cours d’eau en raison de leur grande sensibilité aux perturbations de leur milieu.

  • Les insectes sont en soi un énorme divertissement pour les humains que ce soit à travers la conception de mouches pour la pêche, l’élevage d’insectes, les combats de grillons, leur architecture, leur collecte ou simplement pour leur diversité de formes et de patrons de coloration. 


Accouplement de Toxomerus marginatus - Diptères

Malheureusement, l’abondance de presque la moitié des insectes est en déclin et plus de 40% des insectes sont menacés d’extinction. Ces valeurs demeurent approximatives puisqu’il est extrêmement difficile de recueillir des données de partout dans le monde sans négliger le fait que les connaissances historiques en entomologie font défaut dans plusieurs régions du monde. Par contre, depuis le début du XXe siècle, différentes menaces pèsent sur les insectes. Ces dernières se sont considérablement amplifiées vers les années 1950-1960 pour finalement atteindre des proportions alarmantes à l’échelle planétaire dans les deux dernières décennies. 



Ailes de Chrysoperla carnea - Neuroptère

Quelle est l’origine de ce déclin?

Les principaux facteurs associés au déclin des insectes sont la modification des habitats naturels (destruction, urbanisation, agriculture, industrialisation, fragmentation, artificialisation, déforestation, drainage, etc.) et la pollution, deux facteurs directement générés par l’activité humaine. Ces facteurs engendrent à leur tour d’autres menaces pour les insectes. Par exemple, la transformation d’un boisé en champ agricole entraîne non seulement une fragmentation ou perte d’habitat, mais également le déversement d’une multitude de produits chimiques dans l’environnement en plus d’une énorme perte de biodiversité végétale dont dépendent de nombreux insectes. La surexploitation et les changements climatiques sont également des facteurs non négligeables participant au déclin des insectes. 

Malgré le fait que les effets de ces perturbations sont visibles depuis plusieurs décennies, il est difficile d’évaluer avec précision l’ampleur des répercussions éventuelles. C’est pour cette raison qu’il est essentiel de collecter des données sur ces animaux microscopiques. Des pistes de réponses à des questions comme : Où se trouvent-ils? Quelles espèces rares étaient autrefois communes? Quelles migrations d’insectes sont observables en réponse à ces perturbations? Quelles espèces semblent en bénéficier? pourraient être partiellement identifiées grâce à un effort de collecte provincial. Pour des êtres vivants aussi importants autant pour les humains que pour la planète, il est impératif de mettre des efforts pour leur recensement. De cette façon, nous aurons les informations nécessaires afin de diriger des actions de conservation pour ces derniers. 


Les opportunités de recherche

  • Établir des listes d’espèces du Québec

  • Il n’existe pas encore de liste des espèces exhaustive d’abeilles du Québec.

  • Constituer les cartes de distributions des espèces

  • Plusieurs espèces n’ont pas de carte de distribution et plusieurs cartes existantes ne sont plus à jour.

  • Connaître de taux d’extirpation des espèces régionalement

  • Nous savons que plusieurs espèces perdent du terrain au niveau géographique et des populations, mais nous ne savons pas à quelle vitesse ni à quel endroit.

  • Des nouvelles mentions et expansion d’aire de répartition

  • Il n’est pas rare de trouver des espèces qui n’ont jamais été enregistrées pour le Québec.

  • Création d’une clé d’identification illustrée en français

  • Plusieurs groupes d’insectes n’ont pas encore de clé d’identification en français, et pour plusieurs familles d’abeilles entre autres, l’illustration des clés aiderait grandement à faciliter leur utilisation.

 

Mononychus vulpeculus - Coléoptère

Chrysididé - Hyménoptère

Les insectes pollinisateurs nous rendent un énorme service en contribuant à l’agriculture puisqu’ils participent à la production de 70-75% des espèces cultivées et directement consommées par les humains à travers le monde.

Nymphes en stade 2 d’Euschistus servus euschistoides - Hémiptères

Pseudopodes (fausses pattes) d’une chenille Halysidota tessellaris - Lépidoptère

Le miel apporte 7 à 8 milliards de dollars au budget agricole mondial. Mais la pollinisation en apporte 250 milliards !

Cicindela sexguttata - Coléoptère

Au Québec, 40 % des produits alimentaires dépendent du travail des insectes pollinisateurs!

Rivellia sp. - Diptère

Les insectes sont responsables de la pollinisation de 90% des plantes à fleurs !

Toxomerus marginatus - Diptère

Corythucha juglandis - Hémiptère

Macrophya sp. - Hyménoptère

 

Il existe approximativement 2 milliards d’insectes pour 1 humain!!

Quelques ordres d’insectes et arthropodes du Québec

 

Les Coléoptères

Gnorimella maculosa (Scarabeidé)

Les Lépidoptères

Vanessa cardui sur sedum (Nymphalidé)

Les Hyménoptères

Bombus impatiens (Apidé)

Les Hémiptères

Telamona reclivata (Membracidé)

Les Odonates

Sympetrum sp. (Libellulidé)

Les Diptères

Les Orthoptères

Les Arachnides

Eupeodes americana (Syrphidé)

Melanoplus sp. (Acrididé)

Hentzia palmarum (Salticidé)


 

Comment aider les insectes?

  • Planter des fleurs (plantes vivaces indigènes, floraison d’avril à octobre, planter en massif pour donner endroit pour hiberner

  • Acheter des semences et ou semis biologiques

  • Laisser pousser votre pelouse, la remplacer par du gazon sauvage, planter un maximum d'espèces indigènes ou encore récolter et échanger des semences mellifères

  • Laisser pousser les pissenlits

  • Fabriquer ou installer un nichoir à insectes sur son terrain

  • Ne pas utiliser de pesticides/insecticides dans son jardin (bien se renseigner sur les ingrédients des produits utilisés dans le jardin parce que les étiquettes sont parfois trompeuses)

  • Acheter une oothèque de mante religieuse au Canadian Tire et relâcher les bébés mantes dans son jardin après leur émergence pour contrôler les populations d’insectes nuisibles dans son jardin au lieu d’employer des produits chimiques nocifs pour votre jardin également

  • Encourager une agriculture biologique et écologique (producteurs locaux comme Équiterre, Capé ou Bio Locaux)

  • Ne pas écraser volontairement les insectes trouvés dans sa demeure (il est toujours possible de les capturer avec un petit plat en plastique et un carton pour les libérer) 

  • Utiliser un détergent à lessive sans phosphore (comme celui de la marque The Unscented Company)

  • Laisser la végétation sur les berges 

  • Ne pas collecter d’insectes pour d’autres motifs que pour la science et la récolte de données

  • Laisser pousser la végétation en bordure des étendues d’eau douce (protéger les berges)

  • Véhiculer l’information et sensibiliser ses proches à la situation des insectes et des autres arthropodes!

Comment on étudie et recense les insectes?

Contrairement aux mammifères ou aux oiseaux, il n’est pas possible d’identifier toutes les espèces avec des photographies ou des observations simples. C’est possible seulement pour quelques espèces bien distinctes. Même si les photographies permettent parfois l’identification au genre, cette information a peu de valeur dans l’élaboration des listes d’espèces. Ainsi, il existe de nombreuses méthodes pour collecter les insectes. Chaque méthode cible une certaine catégorie d’insectes, que ce soit les insectes sauteurs, volants, rampants, ceux vivant dans la litière du sol et même ceux qui vivent dans l’eau. La technique de collecte la plus connue est celle du filet entomologique, mais il en existe plusieurs autres telles que celle du piège fosse, piège bol, piège lumineux, la miellée, le drap de battage, l’aspirateur à bouche, le filet troubleau et plusieurs autres. Ces dernières seront expliquées plus en détail dans les prochaines sections. De manière générale, le recensement des espèces requiert qu’on puisse observer certains critères d’identification au binoculaire avec des spécimens épinglés.

Où les trouver?

Comme mentionné précédemment, les insectes sont tellement diversifiés qu’ils ont colonisé tous les types de milieux. Ils peuvent être échantillonnés dans les cours d’eau, les troncs d’arbre en décomposition, les terriers, les excréments, la litière du sol, sous des pierres et partout ailleurs. De plus, différentes espèces sont actives de jour et de nuit.

Quand les chercher?

Les premiers insectes que l’on voit apparaître au printemps sont ceux qui ont passé l’hiver au stade adulte. Ceux qui ont passé l’hiver sous forme de larves ou de nymphes apparaissent plus tard pendant l’été. 

Crioceris asparagi - Coléoptère

Techniques de capture et de recensement:

Autre que la capture à la main, il existe de nombreuses techniques de collecte d’insectes. Ces dernières sont expliquées plus en détail dans les pages des autres essaims et dans les protocoles (disponible au bas de la page). En voici quelques une figurant parmi les plus communes: 

Le filet entomologique 

La technique du filet entomologique est idéale pour attraper des insectes volants (libellules, papillons, abeilles, etc.) et pour échantillonner une multitude d’insectes et autres arthropodes cachés dans la végétation.

Le piège fosse

Le piège fosse cible les insectes et autres arthropodes vivant principalement au sol. Les milieux humides et les bordures de forêts, de ruisseaux, de rivières de marécages, d’une grosse pierre ou d’un tronc d’arbre en décomposition sont des bonnes locations pour installer un piège fosse.

Le piège bol

Le piège bol est une bonne technique pour attirer les mouches, guêpes, abeilles et certains coléoptères. La couleur du bol attire les différents insectes et une fois sur place, ces derniers se noient dans le liquide versé dans les bols.  

Le drap de battage 

Cette méthode consiste à donner des petits coups secs sur la végétation pour en faire tomber les insectes. Ces derniers atterrissent sur un drap blanc maintenu sous la végétation et peuvent par la suite être récoltés à la main, à l’aide d’une pince ou avec un aspirateur à bouche. 

Technique au filet

Ressources pour le matériel

Diabrotica barberi - Coléoptère

Crioceris duodecimpunctata - Coléoptère

Couple de Phymata sp. - Hémiptères


Il existe plus de 1 million d’espèces d’insectes et on estime qu’il en reste approximativement 8 millions encore à découvrir !


Bourletiella hortensis - Collembole

Le piège lumineux

Le piège lumineux est un des pièges les plus appréciés pour la collecte d’insectes nocturnes. Cette technique consiste à placer une source lumineuse devant une surface réfléchissant la lumière (souvent un drap blanc) pour attendre que cette dernière attire les insectes. 

Les prochaines techniques d’échantillonnage sont utilisées pour recenser des insectes difficiles à capturer, mais identifiables autrement. 

La station d’écoute

Plusieurs insectes comme les cigales, grillons et criquets émettent des sons. Ces derniers sont très utiles puisqu’ils nous permettent de les identifier sans même avoir à les capturer. La plupart du temps, nous ne les voyons même pas!

La station d’observation

Cette méthode de recensement est idéale lorsque les lucioles sont en période de reproduction. Ces dernières sont bien connues pour leurs spectacles de lumières, mais ces derniers nous offrent bien plus que des beaux visuels. Ces patrons de signaux lumineux sont propres à chaque espèce. C’est la raison pour laquelle il est possible d’identifier les lucioles à l’espèce simplement en les observant. 

Technique au piège bol